Pensées Végétariennes : Voltaire sur les animaux par Renan Larue

“Le ventre des hommes n’est pas la cause finale de l’existence des bêtes.”

Pensées végétariennes de Voltaire (textes réunis et edités par Renan Larue)

Collection de textes de Voltaire portant sur les animaux et le végétarisme.
FAYARD, 22 janvier 2014, 96 pages.
9782755507256 / Format : 105 x 150 mm / Prix : 2.50 € / 4,50$ CAN

Renan Voltaire

Les textes réunis par Renan Larue montrent que, bien qu’elles soient éparses, les réflexions de Voltaire en faveur du respect des animaux et du végétarisme n’en forment pas moins un ensemble cohérent et homogène. La dénonciation de la souffrance que les hommes infligent aux bêtes rejoint les préoccupations philosophiques plus larges de Voltaire.

Renan Larue réunit pour la première fois les plaidoyers de Voltaire en faveur de la cause animale dans ce petit livre peu dispendieux (il se vend moins de 5$) qui offre l’occasion de redécouvrir la plume et le génie de Voltaire tout en réfléchissant à des enjeux moraux qui sont d’actualité brûlante au XXIème siècle.

« Il n’est pas vrai que le ventre des hommes soit la cause finale de l’existence des bêtes. »

« Les carnistes veulent croire que les bêtes sont faites de toute éternité pour être dévorées par les hommes, qu’elles n’ont pas d’âme spirituelle, qu’elles sont incapables de raisonner et qu’elles ne souffrent pas véritablement quand on les maltraite. Voltaire récuse fermement chacune de ces affirmations. »

– Renan Larue, « Que la gourmandise a d’affreux préjugés ! » Introduction à Voltaire. Pensées végétariennes, Fayard 2014.

 

« À un âge où la Terre a cessé d’être le centre du cosmos, ne devrions-nous pas abandonner notre fantasme d’élection métaphysique et dissiper définitivement l’illusion anthropocentriste entretenue par notre vanité ? L’âme spirituelle, cette « idée creuse » que nous chérissons tant, n’est aux yeux de Voltaire qu’une invention de théologiens qui trouvèrent là un moyen commode de nous distinguer des autres animaux et de justifier leur asservissement. »

 – Renan Larue, « Que la gourmandise a d’affreux préjugés ! » Introduction à Voltaire. Pensées végétariennes, Fayard 2014.

 

Sommaire des textes réunis

Il faut prendre un parti
Traité sur la tolérance
Article « bêtes » du Dictionnaire philosophique
Article « viande » des Questions sur l’Encyclopédie
Éléments de la philosophie de Newton
La Philosophie de l’histoire
Aventure indienne
La Princesse de Babylone
Les Lettres d’Amabed
Le Dialogue du chapon et de la poularde
Nord Compo
« Que la gourmandise a d’affreux préjugés ! » (Introduction de Renan Larue)

EXTRAIT DE L’ARTICLE « BÊTES» DE L’ENCYCLOPÉDIE

« Quelle pitié, quelle pauvreté, d’avoir dit que les bêtes sont des machines privées de connaissance et de sentiment, qui font toujours leurs opérations de la même manière, qui n’apprennent rien, ne perfectionnent rien, etc ?
Quoi ! cet oiseau qui fait son nid en demi-cercle quand il l’attache à un mur, qui le bâtit en quart de cercle quand il est dans un angle, et en cercle sur un arbre ; cet oiseau fait tout de la même façon. Ce chien de chasse que tu as discipliné pendant trois mois n’en sait-il pas plus au bout de ce temps qu’il n’en savait avant tes leçons ? Le serin à qui tu apprends un air le répète-t-il dans l’instant ? n’emploies-tu pas un temps considérable à l’enseigner ? n’as-tu pas vu qu’il se méprend et qu’il se corrige ?
Est-ce parce que je te parle que tu juges que j’ai du sentiment, de la mémoire, des idées ? Eh bien ! je ne te parle pas ; tu me vois entrer chez moi l’air affligé, chercher un papier avec inquiétude, ouvrir le bureau où je me souviens de l’avoir enfermé, le trouver, le lire avec joie. Tu juges que j’ai éprouvé le sentiment de l’affliction et celui du plaisir, que j’ai de la mémoire et de la connaissance.
Porte donc le même jugement sur ce chien qui a perdu son maître, qui l’a cherché dans tous les coins avec des cris douloureux, qui entre dans la maison, agité, inquiet, qui descend, qui monte, qui va de chambre en chambre, qui trouve enfin dans son cabinet le maître qu’il aime, et qui lui témoigne sa joie par la douceur de ses cris, par ses sauts, par ses caresses. »

 

« Les hommes n’ont jamais de remords des choses qu’ils sont dans l’usage de faire. »

– Voltaire, « Dialogue du chapon et de la poularde » (1763), Pensées végétariennes, ed. R. Larue (Fayard 2014)

 

EXTRAITS DE L’INTRODUCTION DE RENAN LARUE

« Voltaire prend parti pour ces prêtres de l’Inde qui répugnent à faire couler le sang des animaux, plaide la compassion pour les bêtes de boucherie, élève ses personnages végétariens au rang de protagonistes et laisse parfois éclater sa colère contre l’humanité carnivore. »

Dans son introduction, Renan Larue souligne que ces textes ont embarrassé les spécialistes de la pensée de Voltaire qui sont, le plus souvent, restés silencieux à propos de sa condamnation des violences envers les animaux et de sa promotion du végétarisme.

Il suggère que ce silence s’explique en partie par leur malaise envers des choix alimentaires souvent mal compris et socialement méprisés.

« Jusqu’à une date récente, ce régime n’était-il pas considéré en effet comme la conséquence ridicule d’un anthropomorphisme absurde et peut-être même obscène ? N’entendait-on pas répéter que les végétariens étaient tout à la fois des idiots victimes de leur sensiblerie et des ennemis du genre humain ? Quoi ! l’avocat de Calas et de Sirven, l’auteur génial de Candide et de Zaïre, l’apôtre glorieux de la tolérance, le champion des Lumières, le héros de son siècle se serait abaissé à prendre pitié des bêtes et à condamner leurs bourreaux ! »

Larue explique que lorsque que nous ne réduisons plus le végétarisme à une habitude culinaire, nous parvenons à mieux comprendre que ce mode d’alimentation s’inscrit dans les enjeux chers à Voltaire, notamment la dénonciation féroce de l’anthropocentrisme :

« L’adoption de ce régime – et plus encore du véganisme – va souvent de pair en effet avec une dénonciation féroce de l’anthropocentrisme ; elle met en évidence les limites de la charité des chrétiens (lesquels refusent d’étendre la bienveillance au-delà des bornes de l’humanité) et implique de refonder la justice en faisant de la capacité à souffrir le critère essentiel de l’attribution des droits. »

 

Pensées végétariennes de Voltaire (textes réunis et edités par Renan Larue)

Collection de textes de Voltaire portant sur les animaux et le végétarisme.
FAYARD Mille et une nuits, 22 janvier 2014, 41 pages.
9782755507256 / Format : 105 x 150 mm / Prix public TTC: 2.50 €

Disponible également sur amazon.ca 4,50$ (version papier) 2,99$ (version numérique)
Voltaire Renan 2

 

 

 

Renan Voltaire

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Christiane

Coordonatrice du Centre de justice sociale de l'Université Concordia (Montréal) - Coordinator Social Justice Centre (Concordia University, Montreal)

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