ZooPop : Questions d’éthique animale (Upop Montréal)
(Automne 2014 – Upop Montréal)
Où: Café Résonance (5175a Avenue Du Parc, Montréal).
Quand: 18h30, les lundis aux 2 semaines à partir du 22 septembre 2014
Cours présenté par Christiane Bailey
Une société juste a-t-elle des devoirs envers les animaux ? Si oui, ces devoirs sont-ils les mêmes envers les animaux sauvages et les animaux domestiques (de compagnie et de boucherie) ? Comment ces devoirs devraient-ils se traduire juridiquement ? ZooPop regroupera une série d’invités travaillant dans des domaines tels que la philosophie, la théorie politique, la protection juridique des animaux, l’éthique animale, l’histoire des idées et la psychologie morale. Nous discuterons particulièrement des liens étroits, mais pourtant méconnus, entre la justice animale, sociale et environnementale. Comment expliquer que la gauche écologiste soit si peu préoccupée par les enjeux liés à l’éthique animale alors que ceux-ci touchent directement la violence envers les plus vulnérables et la dégradation des écosystèmes? Ce sera l’occasion de se familiariser avec des concepts tels que le spécisme, le véganisme ou encore le carnisme et de discuter des problèmes internes au mouvement de défense des animaux, souvent accusé d’utiliser des tactiques sexistes et racistes pour promouvoir le respect des autres animaux.
Programme et invités :
Lundi 22 septembre:
Le souci des bêtes des Anciens aux Modernes
Le souci pour les autres animaux est souvent associé, par dérision, à une lubie d’urbains modernes déconnectés de la nature. Pourtant, la préoccupation pour le sort que nos sociétés réservent aux bêtes remonte aussi loin que l’Antiquité grecque (Pythagore, Plutarque, Théophraste, Porphyre, etc.) et est très présente chez les philosophes des Lumières. Peu savent que Voltaire était un fervent défenseur du végétarisme et que Rousseau a établi certains des principes de l’éthique animale bien avant Bentham. Cette séance d’introduction fournira un bref aperçu historique et philosophique des principes du mouvement pour les droits des animaux.
Invité: Renan Larue, postdoctorant à l’Université de Montréal et spécialiste de l’histoire du végétarisme des Anciens aux Modernes. Il a notamment publié Voltaire: Pensées végétariennes (Fayard 2014)
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Lundi 6 octobre :
Êtes-vous carnistes?
Nous aimons habituellement les chiens et les chats et nous nous soucions de leur bien-être. Mais, dans le même temps, nous mettons dans nos assiettes des cochons et des vaches. Pourquoi? Parce que nous croyons qu’il est normal, naturel et nécessaire de consommer certains animaux. Or, la psychologue américaine Melanie Joy soutient que ces croyances dérivent d’une idéologie qui déforme notre perception morale, le carnisme. Cette idéologie invisible, foncièrement violente pour les animaux, constitue alors l’un des principaux obstacles au développement du véganisme – et une bonne occasion de présenter les recherches actuelles sur la psychologie de nos rapports aux autres animaux.
Invité : Martin Gibert est chargé de cours en bioéthique et en philosophie du droit. Il est l’auteur de L’imagination en morale (Hermann, à paraître).
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Lundi 20 octobre :
Les droits de la personne : Exclusivement humains ?
À quoi servent les droits humains? À protéger nos intérêts fondamentaux à ne pas souffrir, à ne pas être tué et à ne pas être asservi. Or, beaucoup d’animaux non humains ont aussi ces intérêts. Si l’on suit le principe de justice qui consiste à traiter de façon similaire les cas similaires, pourquoi refuser de leur reconnaître les droits les plus fondamentaux? Cette séance présentera les arguments en faveur de l’extension du statut juridique de personne aux animaux sensibles ayant les intérêts que les droits fondamentaux visent à protéger. Ce sera l’occasion de se familiariser avec l’approche abolitionniste en éthique animale qui défend l’idée que les animaux ne devraient pas être des marchandises que l’on peut acheter et vendre.
Invitée: Valéry Giroux est la première docteure en éthique animale au Québec. Elle est actuellement coordonnatrice du CRÉ (Centre de Recherche en Éthique).
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Lundi 3 novembre :
Le droit protège-t-il les animaux?
Mutiler un chien ou chat sans anesthésie est passible de poursuite criminelle. Pourtant, la mutilation sans anesthésie se pratique couramment, et en toute légalité, sur les cochons, les vaches et les poules. De même, la loi encadre de manière précise les conditions dans lesquelles un chien peut être gardé en chenil, alors que son cousin canidé, le renard, ne bénéficie de pratiquement aucune protection légale, même s’il est gardé en captivité. Aperçu de la législation fédérale et provinciale en matière de protection animale, ainsi que de ses failles, et survol des enjeux actuels.
Invitées : Alanna Devine et Sophie Gaillard, respectivement directrice et avocate au département de défense des animaux de la SPCA de Montréal.
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Lundi 17 novembre:
Zoopolitique: Philosophie politique et droits des animaux
Les grandes théories politiques ont largement ignorés les animaux. Fort heureusement, les choses sont en train de changer. De plus en plus de philosophes considèrent aujourd’hui qu’il est parfaitement cohérent et nécessaire de s’intéresser aux obligations politiques envers les animaux. Pourquoi n’est-ce pas arrivé plus tôt? Qu’est-ce qui fait que des théories comme le libéralisme, le marxisme, le libertarisme ou l’anarchisme ont exclu les animaux et comment est-il possible de les y réintégrer? En plus d’esquisser des réponses à ces questions, cette séance présentera la théorie originale de Will Kymlicka et Sue Donaldson. Dans leur livre Zoopolis (2011), ils viennent notamment de proposer que les animaux domestiqués soient reconnu comme des citoyens.
Invité : Frédéric Côté-Boudreau, doctorant à Queen’ s University, se spécialise en philosophie politique et éthique animale.
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Lundi 1 décembre:
Sexisme, racisme et spécisme: intersections des oppressions selon l’écoféminisme
Le mouvement pour la protection des animaux est largement composé de femmes, mais les liens entre féminisme et libération animale ainsi qu’entre patriarcat et suprématie humaine sont encore méconnus. Suivant une approche écoféministe qui soutient que les oppressions humaines sont liées à la domination des autres animaux et de la nature, on verra comment les conditions matérielles et idéologiques de l’exploitation des animaux ont facilité et facilitent encore la domination de certains groupes humains considérés comme inférieurs. Justice sociale, animale et environnementale étant intimement liées, les écoféministes ne dénoncent pas seulement le spécisme des activistes pour la justice sociale et des écolos, mais également les tactiques sexistes, racistes et « habilistes » fréquemment utilisées par les défenseurs des animaux.
Invitée: Élise Desaulniers, auteure et chroniqueuse, spécialiste de l’éthique animale et alimentaire.
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L’entrée est gratuite et libre.
Les cours commencent à 18h30.
Les cours auront lieu au Café Résonance (5175 a Avenue Du Parc, Montréal).
Le Café Résonance (5175a Avenue Du Parc, Montréal) offre des repas végétaliens, bière, vin et café ainsi que le musique en direct.
La Librairie Zone Libre est une librairie indépendante avec une vaste collection sur l’éthique animale, les études animales, la philosophie des droits des animaux et le véganisme.