Ethologie et Anthropologie: Des mondes sensibles aux mondes de la représentation

Appel à communication : Ethologie et anthropologie : des mondes sensibles aux mondes de la représentation

Appel à communication : Ethologie et anthropologie : des mondes sensibles aux mondes de la représentation

Appel à communication (english below)

Ethologie et anthropologie :

des mondes sensibles aux mondes de la représentation

Dans Mondes animaux, Monde humain, publié en 1934, Jakob von Uexküll réfute la proposition d’un animal réduit à un mécanisme, répondant à des stimuli par des réactions. En prenant l’exemple de la tique, il montre comment son monde perceptif traduit ce qui pour la tique fait sens dans ce qui l’entoure. Cette idée d’Umwelt, « monde environnant » ou « monde sensible », pourvoit chaque animal, les humains inclus, d’un « monde propre ». L’idée que tous les animaux sont dotés d’une sensibilité, qu’ils interprètent le monde et agissent en conséquence pose la question de l’héritage laissé par Von Uexküll tant pour l’éthologie que pour l’anthropologie. L’hypothèse d’une continuité du règne animal était déjà présente dans la première monographie animale digne de ce nom, celle de l’anthropologue Lewis Henry Morgan (1868). Dans son étude sur la vie et les œuvres du castor américain, il attribue un principe mental commun aux humains et non-humains. Ces prémisses forment donc matière à débat : quelle est la valeur heuristique des « mondes sensibles » ? Quelles démarches expérimentales ou empiriques permettent d’atteindre tant au “point de vue de l’animal” qu’au “point de vue de l’indigène” tel que défini par Malinowski ? Les « mondes » des animaux sociaux et solitaires diffèrent-ils sensiblement? Quels impératifs écologiques, phylogénétiques ou culturels déterminent la constitution et l’interprétation de ces mondes ?

Il s’agira de construire des ponts disciplinaires et de faire sauter différents verrous épistémologiques qui entravent la connaissance intime des sociétés animales. Un anthropomorphisme de questionnement, à visée comparative, permettrait en effet de rendre moins étanches les champs respectifs des sciences sociales et des sciences de l’animal lato sensu. Les propositions audacieuses, émanant de jeunes chercheurs, seront les bienvenues.

Une journée d’étude se tiendra à l’Université de Nanterre (Maison de l’Archéologie et de l’Ethnologie) le vendredi 10 octobre 2014 articulée autour de trois points :

– la question des mondes sensibles telle que posée par von Uexküll, en lien avec la théorie des affordances de Gibson (1979), c’est-à-dire la manière dont un être vivant constitue son propre milieu à travers sa perception ;

– la question des mondes de signification, traitée par Sebeok & Ramsay (1969) définissant la « zoosémiotique » comme production et interprétation du monde par les êtres sensibles, y compris dans sa dimension sociale ; la codification des émotions, et le décodage qui s’ensuit, dérive de cette question ;

– la question des mondes de la représentation, enfin, au cœur de la discipline anthropologique, c’est-à-dire le postulat que les mondes ne sont pas individuels, mais bel et bien partagés, grâce à des systèmes de normes, de valeurs, de classification. L’expression des émotions semble être centrale dans cette capacité de partage, aussi bien chez les non-humains que chez les humains (Halbwachs 1947). Il s’agira à la fois de décrire ce que nous savons des mondes sociaux des non-humains, et de dégager ce qui, dans l’enquête ethnographique, ne ressortit pas au langage.

Les propositions de communication (20 lignes) seront envoyées avant le 30 juin 2014

Renseignement et envoi des propositions :

florent.kohler@gmail.com

 

Comité scientifique

Alain Boissy (INRA)

Eric Baratay (Université Lyon 2)

Philippe Erikson (Université de Nanterre)

Florent Kohler (Université de Tours)

Michel Kreutzer (Université de Nanterre)

Jean-Michel Le Bot (Université Rennes 2)

Comité d’organisation

Philippe Erikson (Université de Nanterre)

Florent Kohler (Université de Tours)

Gérard Leboucher (Université de Nanterre)

 

Call for papers

Ethology and Anthropology: From « Umwelt » to representational worlds

In A Stroll through the Worlds of Animals and Men, published in 1934, Jakob von Uexküll refuted the idea that animals could be reduced to a mere mechanism, responding to stimuli by reactions. Taking the tick for example, he showed how it perceives the world according to what makes sense in its surroundings. The theory of Umwelt, “surrounding world” or “sensitive world”, provides every animal, human beings included, with an own particular world. The idea that all animals are endowed with a sensibility, that they interpret their environment and act accordingly, raises the question of Von Uexküll’s legacy, both for Ethology and for Anthropology. The hypothesis of a continuity amidst the animal reign was already present in the first worthy animal monograph, that of the anthropologist Lewis Henry Morgan (1868). In his study on the life and works of the American beaver, he considers both human and non-human beings are endowed with a common mental principle. Such premises raise a challenging debate: what is the heuristic value of the “sensitive worlds “? What experimental or empirical approaches allow us to delineate both the “animal perspective” and the “Native point of view” such as defined by Malinowski? Are the “worlds” of social and solitary animals significantly different? What ecological, phylogenetic or cultural imperatives determine the constitution and the interpretation of these worlds?

Our objective is to build disciplinary bridges and to by-pass various epistemological bolts which hinder the intimate knowledge of animal societies. A methodological anthropomorphism, with a comparative aim, would indeed allow us to fill in the gap between the respective fields of social sciences and animal sciences in the broader sense of the latter word. The workshop will welcome young researchers with groundbreaking proposals.

A workshop will be held at Nanterre University (Maison de l’Archéologie et de l’Ethnologie) on Friday, October 10th, 2014. Three topics should be considered :

– The question of sensitive worlds, such as defined by von Uexküll, in connection with Gibson’s theory of affordances (1979): that is the way a sensitive being constitutes its own environment through its perception;

– The question of meaning, or “zoosemiotics” (Sebeok and Ramsay, on 1969), as production and interpretation of the world by sensitive beings, including in its social dimension; the codification of the emotions, and the decoding which follows, derives from this question;

– Finally, the question of representational worlds, central issue for the field of anthropology, that is the postulate that worlds are not individual, but socially shared, thanks to systems of norms, values, classification. The expression of the emotions seems to be crucial in this capacity of sharing among non-human and human beings (Halbwachs, 1947). The issue here is to expose what we know about animal social worlds, as well as to shed light on what, in the ethnographical inquiry, is not a matter of language.

Proposals (1500 characters without spaces) should be sent before June, 30th, 2014

Information and abstracts proposals are to be sent to

florent.kohler@gmail.com

 

Scientifique Commitee

Alain Boissy (INRA)

Eric Baratay (Lyon 2 University)

Philippe Erikson (Nanterre University)

Florent Kohler (Tours University)

Michel Kreutzer (Nanterre University)

Jean-Michel Le Bot (Rennes 2 University)

Organization Commitee

Philippe Erikson (Nanterre University)

Florent Kohler (Tours University)

Gérard Leboucher (Nanterre University)

 CONTACT : florent.kohler@gmail.com

INFO : http://animots.hypotheses.org/2214

 

Published by

Christiane

Coordonatrice du Centre de justice sociale de l'Université Concordia (Montréal) - Coordinator Social Justice Centre (Concordia University, Montreal)

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