Justice pour les animaux. Théories et pratiques écoféministes pour une solidarité des luttes
Entre l’élection de la CAQ, le dernier rapport du GIEC qui anticipe un réchauffement de 3 degrés d’ici la fin du siècle et l’ONU qui prévoit que la production alimentaire doit doubler d’ici 2050 pour “répondre à la demande” grandissante en viande, en produits laitiers et en poissons, on a des raisons d’être pessimiste pour le sort des animaux au Québec et ailleurs dans le monde.
Déjà, 70% des oiseaux sur la planète naissent dans nos élevages. Seuls 4% des mammifères sont des animaux sauvages. L’hécatombe des animaux sauvages (58% des populations de vertébrés décimées depuis 1970) est principalement causée par leur exploitation directe (chasse et pêche) et par l’explosion démographique des animaux d’élevage qui détruisent et polluent leurs habitats.
Nous sommes nombreuses à refuser cette situation et à tenter de mettre en branle un avenir différent. La cause animale est un des mouvements sociaux qui se développe le plus rapidement actuellement. De plus en plus de gens refusent de manger des animaux, s’opposent activement à leur statut de marchandises et de ressources naturelles, revendiquent la fermeture des abattoirs et des pêcheries et n’hésitent pas à mettre leur liberté en jeu pour venir en aide aux animaux et forcer un débat social informé en filmant illégalement leurs conditions de vie et de mort.
D’autres hésitent à franchir le pas: Ne doit-on pas plutôt s’opposer aux méthodes industrielles et revenir à des petits élevages de proximité, quitte à payer plus cher pour des animaux mieux traités? Renforcer les lois de protection animale n’est-il pas suffisant? Reconnaître des droits fondamentaux aux animaux ne dévalorise-t-il pas les droits humains? Contester que l’espèce soit une catégorie moralement pertinente comme le font les animalistes, n’est-ce pas ouvrir la porte à la déshumanisation et l’animalisation des humains?
À l’aide des analyses écoféministes, nous verrons que loin d’être ce mouvement élitiste, impérialiste et antihumaniste qu’on l’accuse d’être, le véganisme est une pratique de résistance accessible et plus progressiste que l’omnivorisme consciencieux (qui n’offre aucune solution aux déserts alimentaires, constitue un obstacle à la sécurité alimentaire mondiale, favorise le développement ethnocentriste de la cause animale et renforce cette “logique de la domination” qui opprime à la fois les animaux et plusieurs êtres humains).
Mettre en pratique le véganisme comme non-coopération permet de cesser de dépendre d’un système qu’on condamne et encourage le développement d’alternatives concrètes ici et maintenant, mais ne doit pas aller encore plus loin et désobéir aux lois pour porter assistance aux animaux et combattre les industries qui les exploitent?
Que penser de l’adoption d’une politique intersectionnelle dans le mouvement de défense des animaux? N’est-ce pas un frein au développement de la cause animale? La solidarité entre les luttes ne revient-elle pas à faire passer les animaux en dernier?