Projet 2011

Description projet de thèse doctorale
Sous la direction de Bettina Bergo
Département de Philosophie
Université de Montréal

Animalité et intersubjectivité
Perspective phénoménologique sur la conscience animale

1. Informations générales

J’ai entamé mon doctorat au département de philosophie de l’Université de Montréal sous la direction de Bettina Bergo à l’automne 2011. Poursuivant les recherches menées dans mon mémoire intitulé À la mesure du Dasein. La genèse des existentiaux dans la vie animale chez Heidegger, ma thèse se consace aux enjeux liés à la question de la subjectivité des animaux non-humains.

2. Problématique : la subjectivité animale

Alors que la continuité biologique des animaux et des hommes est largement acceptée dans les débats philosophiques contemporains, leur continuité psychologique pose encore problème. On admet que les animaux vivent, mais pas nécessairement qu’ils vivent « quelque chose », qu’ils fassent eux aussi l’expérience d’une vie de conscience, d’un monde de sens. Orthodoxe il y a encore à peine trente ans, cette conception est de nos jours devenue beaucoup plus marginale. S’il se trouve encore des philosophes pour soutenir avec Heidegger, Davidson et Gadamer que les animaux n’ont pas d’esprit (mind) parce qu’ils sont privés de langage, la plupart admettent qu’ils ont eux aussi une vie de conscience, mais débattent de la manière dont nous devons l’aborder.

3. L’étude objective de la subjectivité animale : l’esprit représentationaliste

La révolution cognitive en psychologie et en éthologie a fait en sorte qu’il est désormais possible de parler de ce qui se passe « dans la tête » des animaux, mais l’ouverture de la boîte noire n’a pas mené pour autant à reconnaître la légitimité de nos attributions spontanées d’états mentaux aux animaux (croyances, désirs et émotions). Plutôt que d’embrasser la conception commune de l’esprit, l’éthologie cognitive a emprunté la notion d’esprit en vogue dans les sciences cognitives : l’esprit est un centre subpersonnel de traitement d’informations. L’étude scientifique de l’esprit des animaux non-humains a ainsi été rendue possible par une redéfinition de l’esprit en termes fonctionnalistes : l’esprit est essentiellement la capacité à former des représentations. Conceptualisant la conscience sur le modèle des représentations d’ordre supérieur – un état mental conscient est un état mental accessible à la pensée – plusieurs théories contemporaines considèrent que seuls les humains sont conscients. Il ne s’agit pas de nier que les animaux ont un esprit (mind), mais d’affirmer que leur vie psychologique est complètement inconsciente : il n’y aurait personne pour la vivre puisqu’il n’y aurait pas de sujet de l’expérience, pas d’Ego cogito, pas de Moi de l’aperception (Dennett, Carruthers).

4. Contributions à l’avancement des connaissances : la conscience comme expérience vécue

Les critiques envers les théories de la conscience comme pensée d’ordre supérieur font valoir que la conscience n’est pas dépendante de la faculté de réfléchir, mais de la faculté de ressentir. Il n’y a donc pas lieu de priver les animaux de conscience phénoménale sous prétexte qu’ils sont incapables de métareprésentation. Jusqu’à présent ces questions ont surtout été traitées dans le cadre des théories matérialistes en philosophie de l’esprit qui cherchent à offrir une perspective réductionniste de la conscience. La tradition phénoménologique n’a que très peu contribué au débat – un fait étrange lorsqu’on considère le terrain sur lequel il a lieu : la conscience, l’intersubjectivité, le sens. Notre travail veut palier à cette lacune en évaluant l’apport des approches phénoménologiques classiques (Husserl et Merleau-Ponty) et contemporaines (Thompson, Barbaras et Zahavi) à la question de la subjectivité des animaux non-humains.

5. Objectif : Reconnaissance de l’animal comme personne

En philosophie de l’esprit (d’inspiration phénoménologique ou analytique), la question de la conscience animale achoppe sur la notion de personne : comment penser une vie psychologique qui ne soit pas la vie d’un soi personnel ? Husserl affirme que l’animal, en tant qu’être égoïque-psychique, a lui aussi la structure du Moi (Ich-Struktur), mais n’est pas une personne. Or, qu’est-ce qu’un Ego dont la temporalité ne se déploie pas comme celle d’une personne ? Autrement dit, comment conceptualiser une vie de conscience qui ne soit pas celle de quelqu’un ? Ce paradoxe illumine la situation dans laquelle se trouve un large pan de la pensée contemporaine qui admet que plusieurs animaux ont eux aussi une vie psychologique, mais ne les reconnaît pas comme des personnes sous prétexte qu’ils ne peuvent pas réfléchir à cette vie de conscience qui est la leur. Selon Husserl, être une personne implique de satisfaire les critères de la rationalité, de la maturité, de la normalité et de l’historicité. Or, associer le fait d’être une personne à la capacité de se concevoir soi-même comme un être mortel et de se situer narrativement dans l’enchaînement des générations (ce qui permet d’épouser ce que Husserl appelle une « vocation »), implique d’admettre que plusieurs humains ne sont pas non plus des personnes. En raison des enjeux philosophiques, éthiques, juridiques et politiques majeurs qui gravitent autour de la notion de personne, il est impératif d’adopter une conception moins exigeante de la personne. Définir la personne plus largement comme ipséité, comme sujet d’une vie de conscience, mène inévitablement à reconnaître que plusieurs animaux non-humains sont aussi des personnes.

6. Enjeux de la reconnaissance des animaux comme sujets de conscience

Les enjeux soulevés par la reconnaissance des animaux comme des êtres existant à la manière des personnes sont évidemment fondamentaux. D’un point de vue philosophique, cette reconnaissance va de pair avec la déconstruction de l’humanisme et de ses préjugés anthropocentristes. D’un point de vue académique, cela revient à admettre que l’étude des animaux comme des sujets d’une vie de conscience (comme des êtres déployant eux aussi un monde de sens) déborde le cadre strict des sciences naturelles et la reconnaissance de la subjectivité des animaux mène à dépasser l’étroite interprétation des sciences de l’esprit comme « sciences humaines ». D’un point de vue juridique et politique, reconnaître aux animaux le statut de personne implique de cesser de considérer leur sort comme une affaire de compassion, donc de morale individuelle, et de reconnaître qu’il s’agit d’une question de justice (comme y insistent Regan, Kymlicka, Nussbaum et bien d’autres penseurs contemporains). Reconnaître que le sens s’étend bien au-delà du monde anthropologique est un défi majeur de la pensée contemporaine qui peine à se relever du constat que l’homme est un animal parmi d’autres, l’habitant un monde partagé par d’autres animaux ayant eux aussi leur forme de conscience. Ce repositionnement radical de l’humain exige un décentrement qui offre la possibilité d’affronter les défis environnementaux en repensant complètement nos rapports avec les autres animaux avec lesquels nous partageons la planète.

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