Colloque – Portraits : regards sur l’animal et son langage

Colloque animal langage

Portraits : regards sur l’animal et son langage

Colloque international organisé par le Labo 3L.AM

8-10 octobre 2015

La Mans et Angers

NOTE : Je transcris tel quel le texte de la présentation du colloque, mais le langage utilisé dans le texte (eg. “l’homme” et “l’animal”) ignore le travail critique effectué depuis les 25 dernières années en études animales et en études féministes. Comment se fait-il que les études animales françaises continuent encore de parler ainsi de l’animal “au singulier général, comme s’il n’y en avait qu’un”, comme le déplore Derrida? Que pensent-ils pouvoir dire de significatif qui s’appliquerait à tous les animaux, des mouches aux éléphants, et qui ne s’appliquerait pas aussi aux êtres humains? (Christiane Bailey)

Appel à communication pour le colloque “Portraits : regards sur l’animal et son langage”.
(Merci à Enrique Utria pour le partage)

Loin de la fable, qui donne une parole humaine aux animaux, ce colloque souhaite « aller au-devant de leur silence et tenter d’identifier ce qui s’y dit » (Jean-Christophe Bailly). Le portrait de l’animal, la représentation de la bête pour ce qu’elle est, constitue une manière d’accepter l’autre et de s’accepter soi en tant que membre d’une communauté élargie à l’ensemble des êtres vivants.
Etre soi face à l’animal dans une relation compréhensive, sans vouloir maîtriser la destinée animale pour l’intégrer à la destinée humaine, sans transformer ses contours à des fins symboliques, est l’une des options possibles de la représentation animale. L’homme dans son histoire y a quelquefois trouvé l’une des alternatives de son « être dans le monde », et cette position d’observateur bienveillant est actuellement de plus en plus adoptée dans les champs de recherche des sciences humaines.

Parallèlement à la question de savoir s’il est possible de portraiturer l’animal, postulat qui exige de décentrer le regard humain (voir à ce propos les travaux d’Éric Baratay) s’impose l’évidence d’une confrontation naturelle avec l’homme qui demeure à la source et au terme du processus de la représentation artistique et/ou scientifique : l’homme est invariablement en position de créateur et de récepteur, et « c’est [toujours] à l’horizon de nos pensées et de nos langues que se tient l’animal, saturé de signes ». (Elisabeth de Fontenay).

Comment l’homme peut-il s’affranchir d’un discours anthropocentré pour imaginer l’existence silencieuse des bêtes ? Comment peut-il infléchir son regard pour donner à voir sans méprise ni préjugés ces autres êtres vivants ? Comment en un mot portraiturer l’animal de façon compatissante ? C’est à ce défi qu’invite Violette Leduc quand elle dit dans La Bâtarde : « Pourquoi rabaisser les animaux jusqu’à notre langage? Ils ont leurs plaintes, ils ont leurs cris, ils ont leurs plaisirs, leurs drames, leurs abandons, leurs famines. » L’enjeu de la représentation animale repose dès lors sur l’appréhension d’une étrange altérité qui ne se construit pas au moyen d’un discours sur l’animal mais par un questionnement sur ce que sa présence peut nous dire – sur son langage. Dans l’espace de papier, de toile, de paroles, laissé à l’animal se dessine alors une tentative de portrait- ou de biographie-, de figuration forcément subjective mais qui se veut propre à sa nature.

Laissant de côté la problématique de l’animalité, de l’animal humanisé ou de l’homme animalisé, ce colloque ne souhaite pas étudier les moyens d’appropriation par trop symboliques de l’animal par l’homme tels que la métamorphose, l’hybridisme, le déguisement. Il se propose d’explorer les œuvres, entre art et science, iconographiques et textuelles, de toutes époques et de toutes aires géographiques, qui accordent à l’animal le devant de la scène et interroge, depuis ce lieu, sa relation à l’homme.